Ukraine: Trump doute de la volonté de Poutine, qui se dit prêt à négocier
"Peut-être" que le président russe "ne veut pas arrêter la guerre" en Ukraine, a déclaré Donald Trump samedi alors que Vladimir Poutine assure être prêt à négocier l'issue du conflit "sans aucune condition préalable", au moment où Washington met la pression pour arriver à un cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie.
"Il n'y avait aucune raison pour Poutine de tirer des missiles sur des zones civiles, des villes et des villages, ces derniers jours. Cela me fait penser que, peut-être, il ne veut pas arrêter la guerre et qu'il me balade, et alors il faut faire autrement", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social après que la Russie a revendiqué la reconquête complète de la région de Koursk, réfutée par Kiev.
La veille, le président russe a pourtant dit à l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, être prêt à négocier l'issue du conflit en Ukraine "sans aucune condition préalable".
Cette déclaration du président américain intervient après sa rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Rome, en marge des funérailles du pape François, un échange positif d'après les deux parties.
Penchés l'un vers l'autre, leurs visages n'étant séparés que de quelques centimètres d'après les photos transmises par la présidence ukrainienne, les deux hommes ont parlé une quinzaine de minutes dans la basilique où étaient célébrées les funérailles du pape.
"Bonne réunion. Nous avons beaucoup discuté en tête-à-tête. J'espère que nous obtiendrons des résultats sur tous les points abordés", a commenté le président ukrainien sur les réseaux sociaux, disant vouloir une nouvelle fois "un cessez-le-feu total et inconditionnel". "Une réunion très symbolique qui pourrait devenir historique si nous parvenons à des résultats communs".
- Accélération diplomatique -
La Maison Blanche a aussi jugé la rencontre "très productive". Donald Trump a quitté Rome juste après les cérémonies pour retourner aux Etats-Unis.
C'était la première fois que les deux dirigeants se retrouvaient depuis leur échange houleux à Washington le 28 février, quand Donald Trump et son vice-président JD Vance avaient littéralement tancé le président ukrainien.
Sur un autre cliché, MM. Trump et Zelensky sont debout dans la basilique en compagnie de deux autres principaux alliés de l'Ukraine, le Français Emmanuel Macron et le Britannique Keir Starmer, les deux puissances nucléaires européennes pouvant être appelées à jouer un rôle important pour fournir d'éventuelles garanties de sécurité à l'Ukraine en cas de cessation des hostilités.
MM. Starmer et Zelensky ont également discuté ensemble des "progrès réalisés ces derniers jours pour garantir une paix juste et durable en Ukraine".
"Ils ont convenu de maintenir la dynamique et de continuer à travailler activement avec leurs partenaires internationaux", d'après un communiqué du gouvernement britannique.
Volodymyr Zelensky a aussi rencontré en tête à tête Emmanuel Macron et devait voir Ursula von der Leyen dans l'après-midi.
Les obsèques du pape ont été le lieu d'une certaine effervescence diplomatique autour de la guerre d'Ukraine, à laquelle Donald Trump veut mettre un terme le plus rapidement possible, mettant Volodymyr Zelensky sous forte pression et alors que sur le front, la Russie consolide son ascendant. Donald Trump avait assuré dans la nuit de vendredi à samedi que la Russie et l'Ukraine étaient "très proches d'un accord", sans en dévoiler le contour.
L'accélération des discussions se manifeste aussi sur les canaux entre Washington et Moscou. Vladimir Poutine, avec qui Donald Trump a entamé depuis plusieurs mois un rapprochement sensible, a évoqué la "possibilité" de "négociations directes" entre Moscou et Kiev.
Il n'y a eu aucune négociation directe entre les deux belligérants pour discuter d'un arrêt du conflit depuis celles qui ont échoué en 2022.
- Koursk -
Le jour même de cette rencontre à Rome, Moscou a annoncé avoir reconquis l'intégralité de son territoire dans la région de Koursk, où les Ukrainiens avaient lancé une offensive en août 2024. Kiev a démenti, en affirmant que les combats se poursuivaient.
Vladimir Poutine avait par le passé fait comprendre qu'il n'était prêt à négocier sur l'issue du conflit tant que les forces ukrainiennes n'étaient pas entièrement "chassées" de cette zone.
Le chef d'état-major russe Valéri Guérassimov a par ailleurs salué "l'aide importante" des alliés nord-coréens, "conformément à l'accord sur le partenariat stratégique" qui lie désormais Moscou et Pyongyang, illustration de la dimension globale du conflit ukrainien.
Après cette reconquête, Kiev se retrouverait ainsi privé d'un levier dans d'éventuelles négociations à venir, d'autant que l'ensemble de la situation militaire ukrainienne se dégrade progressivement au fil des mois, accentuant encore plus la pression sur Volodymyr Zelensky, qui a un besoin vital du soutien américain pour continuer de résister à l'invasion russe lancée en février 2022.
Donald Trump, qui avait affirmé pendant sa campagne électorale qu'il pourrait mettre très rapidement un terme à la guerre, semble vouloir forcer la main de Volodymyr Zelensky pour entamer un processus de règlement du conflit, mais Kiev craint que son protecteur américain le contraigne à accepter des conditions trop favorables au Kremlin, que ce soit sur d'éventuelles concessions territoriales ou les garanties de sécurité à l'Ukraine.
Donald Trump a dit par exemple cette semaine que la Russie gardera à l'issue du conflit la Crimée, une péninsule ukrainienne qu'elle a annexée en 2014, une hypothèse jusqu'ici rejetée par Volodymyr Zelensky.
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Z.Quintana--HdM